Club Paillettes, la marque de bijoux audacieux d'Alexane
Alexane créé des bijoux colorés, audacieux et joyeux à la main en argile polymère depuis plus de 7 ans. Elle jongle entre modèles ultra graphiques et modèles fleuris qu’elle façonne tout en précision. La couleur a une place centrale dans son travail, elle travaille ses palettes de couleur de manière appuyée au fil des collections qu’elle créé.
Rencontre avec Alexane
Peux-tu nous raconter ton parcours et comment tu as décidé de transformer ta passion en activité professionnelle ?
J’ai eu la chance immense que l’on me transmette le goût de créer très jeune. On utilisait tous les supports à la maison : peinture, modelage (déjà la fimo ☺️), collage etc. Donc depuis toute petite je créais mais je le faisais juste dans ma chambre. En grandissant, j’ai enchainé des périodes très denses en termes de rythme : sport étude, prépa économie puis j’ai travaillé dans la publicité. J’ai donc été très accaparée et pour éviter de me « perdre » dans ces expériences exigeantes, j’ai gardé ces moments de création pour me retrouver en quelque sorte.
Quand je travaillais dans la publicité, j’étais dans une industrie créative mais j’étais cheffe de projet / productrice et donc mon quotidien était plutôt de la gestion de planning que de la création. Je n’étais pas vraiment épanouie dans ce rôle même si l’univers créatif parisien était extrêmement stimulant.
En parallèle je continuais de faire mes petits DIY le WE ou le soir, je passais énormément de temps sur des blogs de DIY et sur Pinterest. Honnêtement je passais tous mes salaires dedans 😂 et je continuais depuis tout ce temps à me faire des bijoux en fimo. Un jour je suis tombée sur des images de bijoux ultra graphiques faits en polymère par une créatrice américaine. J’ai eu un coup de coeur immense et ça a été la porte d’entrée dans ce monde merveilleux ! Dans le même temps, j’ai fait la rencontre de 3 personnes clés dans un intervalle de 2 semaines (une amie, un entrepreneur et une créatrice) et qui trouvaient mes premières créations canons et me poussaient fortement à me lancer. Ça a été le signe pour que je me lance.
Suite à cela, j’ai enchainé de longs mois à écumer YouTube, Instagram et les blogs sur la polymère pour apprendre vraiment plus précisément. A l’époque il y avait assez peu de contenus que je trouvais à mon goût en France et donc tout était en anglais ! Je testais des choses en permanence, j’étais galvanisée. Mais je gardais mon job dans la pub en même temps et je travaillais beaucoup donc mes journées étaient assez rythmées !
J’ai quitté Paris en 2021 pour la Haute Savoie, et au bout d’un an en télétravail à 100%, je me suis dit qu’il était temps de lâcher mon travail dans la pub et de voir ce que Club Paillettes pourrait donner si je m’y consacrais à plein temps. Honnêtement j’étais persuadée que ce projet avait du potentiel mais je ne savais pas du tout où ça allait me mener. Au final c’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie !
Quelles compétences as-tu dû acquérir au-delà du savoir-faire artisanal ?
Pour la partie digitale : la gestion des réseaux sociaux, la création de newletters, la construction d’un site simple et efficace, et j’en oublie je pense !
Pour la partie marché : le merchandising sur mes stands de marché, articuler un discours commercial tout en restant naturelle, fidèle à qui je suis et à mes produits.
Pour la partie logistique : construire des outils qui me permettent de suivre mes productions lorsque j’ai des commandes conséquentes ou pour le suivi des SAV. Ce sont tous des tableaux excel.
Pour la partie marketing : travailler une image de manière exigeante : j’ai donc grandement développé mon oeil en photo et mes set designs. Et puis choisir un certain ton dans mes prises de parole pour accompagner l’image que je travaille de manière à adopter un positionnement précis.
Pour la partie compta / chiffres : construire une gamme de prix qui soit cohérente avec mes produits, mon savoir faire et ma cible. Sur ce sujet, ça a été un long travail que je relie directement au fait de prendre confiance en soi. Developper des outils (Excel encore) qui me permettent de « systématiser » le pricing pour mes nouveaux produits.
Pour la partie stratégique : saisir l’importance de la bonne temporalité : quand lancer des nouveautés et quelles nouveautés sortir au bon moment.
Et après pour que tout fonctionne, il me semble qu’il faut adopter un certain état d’esprit, même s’il ne s’agit pas vraiment d’une compétence. Je pense que lorsque l’on se lance, faire preuve d’abnégation et essayer de tirer de la force des choses positives qui nous arrivent est important. Une fois que la machine est lancée, faire en sorte de prendre du recul et regarder pousser toutes les graines que l’on a semées. Il faut avoir conscience que cela peut être les montagnes russes, qu’il faut savoir faire les ajustements lorsque c’est nécessaire.
Quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées en tant qu’entrepreneure ?
La régularité dans le travail, le fait de gérer plusieurs choses en même temps, la solitude face aux problématiques justement et l’irrégularité des revenus.
Comment as-tu appris à gérer ces aspects ? As-tu été accompagnée ou formée ?
A vrai dire parfois je pense avoir trouvé mais par moment je cherche encore ! Car les difficultés que je rencontre n’apparaissent pas de manière linéaire et il faut apprendre à accepter cela. Pour ma part je ne pense pas qu’une technique en particulier fonctionne mieux qu’une autre.
Et pour répondre à la question non je n’ai pas été formée ou accompagnée, je fais beaucoup de choses à l’instinct (pour le meilleur et pour le pire…). Après pour le côté plus technique, il faut dire que j’ai fait une école de commerce et j’ai évolué dans des environnement professionnels qui m’ont donné énormément de réflexes de gestion. Les réseaux sociaux m’ont également énormément nourrie.
Comment définis-tu ton positionnement sur le marché de l’artisanat ? (Valeurs, public cible, différenciation…)
Mes valeurs : faire beaucoup avec peu, jeter le moins possible, recycler au maximum et l’inclusivité, la bienveillance. La joie n’est pas une valeur mais elle est centrale à la fois dans mon travail comme dans ma manière de communiquer.
Je me positionne comme une marque apportant de la joie dans la vie des personnes qui portent mes bijoux. Comme une marque qui encourage à prendre confiance en soi en osant porter des bijoux colorés et imposants. Et comme une marque ayant un univers bien identifié : très coloré, imposant et voyant tout en restant fin et précis. On m’a déjà dit que mes bijoux étaient des anti-dépresseurs et qu’ils aidaient à affronter les journées un peu difficiles : j’ai réussi non ? ;)
« Je pense que l’on peut faire les meilleures créations du monde mais si l’on ne sait pas bien communiquer cela restera difficile »
Quelle importance accordes-tu à la communication et au branding dans ton activité ?
Elle est absolument centrale. En même temps je viens du monde de la publicité donc il est logique que cela infuse dans ma marque.
Je pense que l’on peut faire les meilleures créations du monde mais si l’on ne sait pas bien communiquer cela restera difficile. C’est tellement dommage de ne pas exploiter son plein potentiel quand on fait des merveilles produites dans les meilleures conditions !
De même, le branding est absolument indispensable de manière générale mais surtout quand on se trouve sur un marché ultra concurrentiel. C’est très souvent le cas de l’artisanat. Il me semble primordial de se démarquer via son image de marque. C’est notre identité, c’est comme ça que les clients adhèrent à notre marque et nous reconnaissent. Il faut toujours avoir en tête que la force que l’on a en tant que petites entreprises artisanales et locales (vs les plus grosses) c’est justement que les clients achètent parce qu’ils aiment notre histoire et ont le sentiment d’acheter plus que nos créations. Le branding est ce qui permet de créer ce lien solide avec les clients et c’est ce qui mène aux ventes. C’est une vraie force à ne pas négliger je pense :) Après je ne dis pas que c’est facile à mettre en place ;)
As-tu développé des stratégies particulières pour te démarquer de la concurrence ?
Déjà, j’essaie de me tenir à distance de ce que fait la concurrence autant que possible. Il m’arrive de regarder mais c’est très rare et je suis lassée de voir toujours les mêmes choses. Je ne trouve pas ça constructif et je pense que c’est le meilleur moyen de ne pas trouver sa patte justement. Je préfère me tourner vers autre chose pour m’inspirer : déco, films, photos, graphisme, mode. C’est comme ça que je nourrie mon inspiration donc mon univers et cela découle naturellement sur mon image de marque. J’ai très souvent des clientes qui m’écrivent pour me passer une commande personnalisées en commençant par me dire qu’elles adorent mon univers. Je sais à ce moment-là qu’elles ne sont pas là par hasard et que j’ai touché le petit coeur ! :)
Quelle place occupent les réseaux sociaux dans ton développement commercial ?
Essentielle : je fais la plupart de mes ventes grâce à instagram de manière directe ou indirecte. C’est via les réseaux que l’on peut raconter une histoire, se montrer et créer par la même occasion une proximité avec les clientes et construire son univers. D’expérience, il n’y a pas besoin d’avoir un maxi compte instagram pour commencer à vendre. Si l’on a réussi à créer une petite communauté engagée c’est déjà la clé !
Comment les utilises-tu pour valoriser ton travail et toucher tes clients ?
Je filme très souvent mon plan de travail pour montrer ce que je crée et comment je crée en story. Ca créé de la proximité car je filme sur le moment et je partage presque instantanément. Il faut que ce soit naturel, pas de mise en scène. Cela donne l’impression que les personnes qui regardent sont dans les coulisses. Pour que cela marche, il faut quand même faire en sorte de créer de l’interaction. J’essaie d’en faire tous les jours.
Pour les contenus réels ou posts plus classiques c’est un tout autre travail, beaucoup plus réfléchi. Il faut faire en sorte de raconter une histoire, créer de l’intérêt, de la connivence et pour le coup c’est difficile. Car c’est assez variable : j’ai certains posts qui percent et d’autres pas du tout !
Je passe énormément de temps à réfléchir à mes contenus, j’ai une sorte de petite fiche qui m’accompagne partout où je note plein d’idées de contenus en vrac et après je réfléchis à la structure. Après je passe des heures à faire du montage et des VO mais j’adore ça et j’ai énormément progressé là-dessus d’ailleurs.
Après j’ai un calendrier éditorial avec des piliers mais j’ai l’impression de vouloir sans cesse changer ce que je vais finalement poster ! C’est dur de s’y tenir mais il le faut ;)
Enfin l’influence a une place très importance. J’ai mis du temps à trouver les bons profils et à me lancer dans la collaboration avec les influenceuses mais lorsque c’est correctement ciblé cela marche hyper bien !
As-tu des projets de développement ou d’évolution (collaborations, diversification…) ?
L’année qui s’est écoulée je me suis concentrée sur mon site et mes réseaux. Ca bien marché mais j’ai perdu le contact direct en physique et ça me manque ! Donc dans les prochains mois je vais être en pop up dans une boutique à Paris tous les mois pendant 4 jours et je pense que c’est exactement ce dont j’avais besoin !
Je n’ai pas de collaboration de prévue pour cette année mais je ne ferme pas la porte à ce type de super projets ;)
Je pense de temps en temps à proposer d’autres choses que des bijoux : des jeux ou de la déco mais je n’ai pas pris le temps d’aller au bout de mes idées pour le moment. Mais ce ne sont pas les idées qui manquent et je n’exclue pas de finir par en sortir ;)
Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat créatif dans les années à venir ?
Honnêtement le covid et les réseaux ont considérablement révolutionné les choses pour les petits créateurs donc difficile de trop prévoir. L’actualité sur la TVA nous met également dans une certaine instabilité. D’un point de vu « marché » on a pu constater l’ouverture de beaucoup de petites entreprises post covid mais sans véritable identité, sans démarche artistique, avec des positionnements flous et j’avoue que ça m’a gênée. J’ai pensé que toutes ces initiatives allaient s’éteindre et finalement avec les réseaux certaines ont vraiment tiré leur épingle du jeu et j’en vois de nouvelles chaque jour. D’un autre côté je trouve que ça s’est énormément professionnalisé et c’est super interessant de voir ça. Par exemple quand j’ai commencé les marchés j’ai l’impression qu’on était beaucoup moins dans le détails et la qualité de service que je vois maintenant. Aujourd’hui, je croise des personnes qui installent de vraies petites boutiques alors qu’elles en sont à leur deuxième marché ! Après, ce en quoi je crois très fort c’est que s’il y a une passion sincère, une vraie démarche, on peut trouver sa place même si le marché est sur-saturé.
Quel conseil donnerais-tu à un-e artisan-e qui veut développer son activité et se faire une place sur le marché de la création en 2025 ?
Question très difficile, chaque parcours est tellement différent ! Moi je sais que c’est bien parce que j’ai cultivé ma singularité que j’ai réussi à emmener Club Paillettes où je le souhaitais. Donc peut être ça justement : cultiver votre singularité. Je n’ai plus envie de rajouter autre chose du coup..! ;)
Merci Alexane pour ce retour d’expérience très complet !
Tu veux toi aussi vivre de ta passion ? Passe un Cap et rejoins mon accompagnement 1:1 !
A bientôt pour un nouvel article sur l’entrepreneuriat créatif !
Myrtille <3